Noir Éclair se présente sous une double forme. C’est une exposition « rétrospective », explorant près de vingt ans de création : photographies, installations, vidéos, sculptures et peintures offrent un panorama assez complet de l’élaboration de l’œuvre de l’artiste.

Mais elle développe aussi une dimension « prospective », révélant des propositions inédites, une grande majorité d’œuvres nouvelles, spécifiquement pensées et produites pour l’exposition.

On (re)découvre ainsi des œuvres qui marquèrent l’entrée en art de l’artiste, comme « ma Musée », œuvre sonore réalisée en 1998 (Zevs avait tout juste 20 ans), une heure de conversation téléphonique avec des galeristes parisiens pour tenter de répondre à la question « Comment devient-on artiste ? ». Au dernier étage du donjon est racontée l’histoire du « Kidnapping visuel » (2002-2005) qui joue sur la médiatisation de l’artiste.

On retrouve aussi, réinterprétées, des pratiques que Zevs initia dans le passé.

Ainsi, par exemple, le « graffiti propre », technique dont l’artiste fut précurseur, en 1999 à Paris, revient en fresque monumentale dans les douves du château. Les « Visual attacks », que Zevs entreprit en 2001 sur les modèles publicitaires sont ici dirigées contre le parangon même du pouvoir historique, Louis XIV. Les « Visuel rapes », portraits « flashés » de lumière vive de personnalités iconiques, réalisés à partir de 2003, sont revisités à partir de personnalités politiques liées à l’Histoire de France et du Château. La monumentale installation « Perpetual Ending » aujourd’hui présentée dans la Sainte-Chapelle apparut pour la première fois en 2006 sous la forme du fameux mot de la fin des films hollywoodiens, se détachant alors sur l’écran d’une télévision rongée de bitume.

 

Proper Graffiti – Wuppertal 2006 – photo : Martin Nink

 

La présence de très nombreux graffitis dans le château de Vincennes suscite évidemment l’intérêt de l’artiste, qui inscrit son art et l’origine de sa vocation dans une longue histoire du graffiti. Ici, Zevs met en valeur certains de ces graffitis en utilisant un pigment fluo luminescent, se révélant à la lumière noire, technique qu’il expérimente depuis de nombreuses années.

 

Des œuvres nouvelles, enfin, dont la conception exprime d’une manière ou d’une autre, des préoccupations récurrentes chez l’artiste, ouvrent des perspectives nouvelles, parmi lesquelles « Les cibles », « Machination », « Mariage frères »…

 

Atelier de Zevs à Berlin, 2015